Le passé ouvrier
Gennevilliers est devenue une ville ouvrière à partir de la fin du XIXe siècle. De nombreuses usines emblématiques de l'industrie française se sont implantées dans la ville. Parmi elles, les entreprises Chenard et Walcker, Chausson, Carbone Lorraine, Snecma...
L’histoire ouvrière de Gennevilliers commence à la toute fin du XIXe siècle. A cette époque, le désenclavement routier puis ferroviaire de la presqu’île de Gennevilliers lui permet d’entrer véritablement dans l’ère industrielle. En 1880, les ingénieurs Chenard et Walcker installent un atelier de fabrication de moteurs automobiles à Gennevilliers. En 1896, on recense 13 ateliers mécaniques aux Grésillons. Dans le quartier du Village, rue du nord, la fabrique de produits chimiques dirigée par Édouard Pommier – qui a été maire de 1872 à 1892 – tourne à plein régime. Dès le mois d’avril 1904, la société d’éclairage chauffage et force motrice (ECFM) commence, au nord-est de la presqu’île, la construction des deux premiers ateliers de la centrale gazière qui deviendra l’une des plus puissantes d’Europe.
Petit à petit, les ateliers se transforment en usines. En 1908, l’usine Chenard et Walcker dans laquelle les automobiles sont fabriquées intégralement (moteurs, carrosserie, montage des châssis, etc.) voit le jour. En 1911, on compte 20 entreprises de moyenne et grande importance à Gennevilliers. En 1912, c'est la société Le Carbone (qui deviendra plus tard Carbone Lorraine) qui acquiert un très beau domaine au centre de la ville et qui y construit à partir de l'année 1913 une usine destinée à la fabrication de graphites artificiels pour des applications électriques, mécaniques et thermiques. A la veille de la première guerre mondiale, la ville compte 32 entreprises de moyenne et grande importance.
Un an après la déclaration de la guerre et la fermeture momentanée de plusieurs entreprises, la reprise est largement amorcée en 1915. Le fabricant de moteurs pour l’aviation, les motocyclettes et bicyclettes Gnome et Rhône, fondé en 1905 par les frères Seguin, est une des premières usines à bénéficier du retour des employés spécialisés. En 1916, Le Carbone procède à la construction d'un nouvel atelier. Chez Chenard et Walcker, l'usine est agrandie en 1917 pour produire des moteurs d'avion Hyspano puis de nouveau agrandie en 1918 pour le montage des canons de 75.
Pendant la guerre, de nouvelles usines s'installent à Gennevilliers : Les docks de pétrole (stockage des carburants), rue des caboeufs en 1915 ; les établissements Béhin (tôles de blindage) au pont de Saint-Ouen en 1916 ; les aciéries Delachaux, avenue du pont de Saint-Ouen (actuelle avenue Louis-Roche) en 1917. En 1924, les frères Chausson qui exploitaient avant-guerre un modeste atelier de fabrication de radiateurs à Asnières, vont étendre leur société sur Gennevilliers. Elle est l’un des plus importants sous-traitants des constructeurs automobiles et deviendra le premier constructeur français de véhicules lourds et utilitaires. La câblerie Geoffroy-Delore occupe 3 hectares à l'angle de la rue de Bois-Colombes (actuelle rue Louis-Calmel) et de la rue de la couture d'Auxerre. Deux ans plus tard, Valentine (peintures et vernis) s'installe sur 4 hectares avenue des Grésillons.
En 1936, Chenard et Walcker se fait racheter par la société Chausson. Située dans la rue Henri-Barbusse, l'usine double de taille en 1945 pour atteindre une superficie de 200 000 mètres carrés. C'est également à la libération que la société Gnome et Rhône est rebaptisée Snecma (société nationale d’étude et de construction de moteurs d’aviation) à la suite de sa nationalisation.
Après une longue gestation, le port est inauguré en 1950, ouvrant la voie à de nouvelles possibilités de développement. La vague de désindustrialisation des années 1970 affecte tardivement la ville et l’amène à se diversifier vers d’autres secteurs d’activité. Dans les années 1980, l'usine Chausson de Gennevilliers voit son activité se réduire. Elle se transforme en filiale de Renault en 1996 et prend le nom de ETG (Emboutissage Tôlerie Gennevilliers). Elle fermera définitivement ses portes en 2007.
Le Carbone Lorraine se transforme et devient l'entreprise Mersen en mai 2010. La Snecma est aujourd'hui connue sous le nom de Safran Aircraft Engines.